• Peintre français qui fut, avec Picasso, l'acteur essentiel du cubisme, et l'une des grandes figures de l'art du XXe siècle.


Georges Braque
(1882-1963)

  • L'homme :

Je naquis à Argenteuil-sur-Seine, en région parisienne, dans une famille de peintres en bâtiment également peintres amateurs. Alors que j'avais huit ans, mes parents s'installèrent au Havre : tout en poursuivant mes études au lycée, je fréquentai l'école des beaux-arts de la ville, où je rencontrai Othon Friesz et Raoul Dufy. En 1899, je fis mes débuts dans l'entreprise familiale et commençai à apprendre le métier de peintre décorateur, que j'allai perfectionner à Paris en 1900. Je suivis les cours du soir de l'école des Batignolles, entrai en 1902 à l'académie Humbert à Montmartre, puis fis, en 1903, un court séjour à l'École des beaux-arts dans l'atelier de Bonnat. Durant l'hiver 1905-1906, et sous l'influence du travail d'Henri Matisse, je commençai à peindre à la manière des fauves, en structurant par des tons vifs une thématique encore impressionniste : Paysage à l'Estaque (1906, musée de l'Annonciade, Saint-Tropez).

  • Période cubiste :

    L'année 1907 me fus capitale. Une triple découverte allait en effet modifier mon travail : Cézanne, dont la rétrospective des œuvres se tenait au Salon d'automne, Picasso, que je rencontrai au moment où celui-ci peignait les Demoiselles d'Avignon (1907, Museum of Modern Art, New York), et les arts primitifs. Je cherchai alors, par la géométrisation des volumes et la réduction de ma palette à des harmonies vertes et brunes, à matérialiser et à construire l'espace sans l'aide des artifices de la perspective ou du clair-obscur. Ainsi, je construisis mon Grand Nu (1908, collection particulière, Paris) à l'aide de larges hachures qui indiquent les volumes successifs, ceux-ci étant eux-mêmes cerclés d'un large cerne noir. J'appliquai bientôt ce procédé constructif de géométrisation des masses aux paysages et aux natures mortes.
    De 1909 à 1914, avec Picasso, nous menâment de front nos recherches plastiques, d'où naquit une vision nouvelle de l'espace pictural (appelée cubisme analytique) rendant les formes par la démultiplication de leur axe géométrique. Dans Violon et Palette (1909, musée Guggenheim, New York), je représentai le violon par un réseau complexe de facettes qui émiette le volume de l'instrument : le spectateur était ainsi confronté, en un même volume cohérent, à tous les plans d'une vision perspective réduite à la surface plane du tableau. Dans la partie supérieure de la toile, un clou en trompe l'œil retenant une palette symbolise ironiquement les deux possibles d'une peinture en recherche.
    À force de complexifier le volume pour en rendre tous les états, mes toiles, comme celles de Picasso, devinrent illisibles, confrontées à l'abstraction qu'elles voulaient pourtant récuser. J'introduisis alors dans ces peintures, à l'automne 1911, des lettres et des chiffres au pochoir, destinés à en réactiver le sens (le Portugais, 1911, Kunstmuseum, Bâle). L'année suivante, je collai un papier imitant le bois sur Compotier et Verre (Fruit Dish and Glass, 1912, collection particulière) : avec le procédé du collage, l'œuvre devint la synthèse d'éléments divers par lesquels, sans perdre la lisibilité de l'objet, je le décrivais en dissociant la couleur et la forme. Mobilisé en 1914, je fus gravement blessé l'année suivante et, après une longue convalescence à Sorgues, me remis difficilement à la peinture.

  • Natures mortes et Ateliers :

    Après la Première Guerre mondiale, je fus très influencé par Juan Gris et Henri Laurens, avec qui je nouai une profonde amitié. Je m'engageai désormais dans une œuvre plus traditionnelle, néanmoins toujours empreinte des découvertes cubistes : nombreuses natures mortes au Guéridon (1918-1919) et représentations d'intérieurs — série des Cheminées (1920-1927) et des Canéphores (1922-1926) —, caractérisées par des surfaces texturées et des couleurs vives, où les objets sont représentés en plans décomposés.
    En 1929, j'abandonnai le Midi où je m'étais installé pour Varengeville-sur-Mer, en Seine-Maritime ; s'ensuivit toute une série d'expositions de ses œuvres, à Berlin en 1930, à New York en 1931, à Bâle en 1933 (première grande rétrospective), à Londres en 1934 et à Bruxelles en 1936. Ma peinture allait désormais connaître jusqu'à la fin de ma vie une évolution stylistique homogène, qui voit se développer les thèmes de l'Atelier et de l'Oiseau. Les dix dernières années de ma vie furent marquées par une santé déclinante ; si je dus me limiter à de petites compositions, je n'en entrepris pas moins une grande production de lithographies. À ma mort, survenue à Paris le 31 août 1963, ma femme fit don aux musées nationaux français d'un ensemble important de tableaux et de sculptures. Grâce à cela, mon travail est mis en valeur, c'est ma plus belle récompense.

  • Vous pouvez retrouvez une grande partie de ma collection au Guggenheim de New York.